Audrey Platania

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  • en réponse à : FICHES PRATIQUES #123
    Audrey Platania
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    FICHE 2

    Améliorer les habilités émotionnelles, relationnelles et sociales

    Pourquoi ?

    Toutes les études, notamment le courant de Palo Alto, sur la communication montrent que 50% du message transite par le non verbal et particulièrement par les expressions faciales.

    Le port du masque diminue donc de moitié l’accès à notre compréhension de l’autre dans la communication. Les élèves reçoivent un enseignement diminué et les enseignants n’ont plus accès à de nombreux indices sur le visage de leurs élèves pour s’assurer du niveau de leur attention et de leur compréhension.

    De manière globale, dans la relation interpersonnelle et sociale, le port du masque freine au décodage émotionnel. Il inhibe toutes les mimiques du visage pourtant fondamentales pour s’ajuster aux messages et saisir pleinement l’état mental de l’autre. Que ce soit dans la relation enseignant/élèves ou pour aider les relations entre les élèves, des stratégies de compensation sont indispensables à penser et à opérationnaliser pour contourner l’effet inhibiteur du masque sur la qualité de l’accordage et de la communication humaine.   

    Comment ?

    Pratiquer l’hygiène émotionnelle en classe

    Une émotion c’est quoi ? ça sert à quoi ?

    Faire entrer à l’école des temps d’échange et d’éducation à la pleine compréhension des émotions pour mieux décoder leur rôle et leur fonction dans nos rapports aux autres et à nous même.

    Installer une fois par semaine minimum des petits groupes d’échange entre les élèves animés sur ces thèmes :

    1. Nommer les émotions : six émotions primaires mais également un panel d’émotion d’intensité différentes à découvrir et à étiqueter pour enrichir le niveau de compréhension et de vocabulaire de chacun. Avoir des mots pour comprendre, penser et partager ce que l’on ressent, c’est indispensable pour limiter le passage à l’acte et les difficultés de comportements.
    2. Comprendre que chaque émotion délivre un message et a une fonction. Mieux saisir le message de chacune de nos émotions pour redonner à l’émotion sa place fondamentale : nous aider à comprendre nos besoins profonds et à les exprimer avec habilités aux autres
    3. Prendre un temps pour ressentir les émotions, les capter dans leur finesse et leur apparition dans notre corps à chaque instant. Au plus nous sommes attentifs à la présence des émotions en nous au mieux nous pourrons les écouter et les exprimer avant qu’elles deviennent trop fortes, trop intenses, trop débordantes ou incontrôlables…

    S’autoriser et autoriser aux autres à exprimer leur émotions dès que nécessaire

    « Aujourd’hui je me sens…. »

    « Quand il se passe cela en classe, je me sens… »

    « Si la situation continue comme ça, je vais certainement continuer à ressentir… »

    Et si l’enseignant s’autorisait davantage à exprimer son état émotionnel aux élèves ?

    Trop longtemps perçu comme un signe de faiblesse ou un aveu de vulnérabilité, nous avons appris dans notre culture à taire, étouffer et masquer (et oui ce n’est pas nouveau en fait !) notre état émotionnel aux autres.

    Pourtant nos émotions sont là, en présence et agissent par des biais de communication pour s’exprimer quand même. Si quelqu’un vous irrite ou vous agace, vous cherchez à lui cacher mais par votre posture, l’intonation de votre voix, la tension sur votre visage, l’émotion transite quand même. Une émotion masqué et non traduite, brouillera une relation authentique à l’autre.

    Prenons de nouvelles habitudes d’expression émotionnelle ! C’est le moment !

    Comme nous l’enseigne les techniques de CNV, de communication non verbale, il ne s’agit pas d’attaquer l’autre avec notre émotion mais de s’autoriser à son expression pour dégager de l’espace dans la relation. Evitons les « tu » qui « tuent » Il ne s’agit de dire « tu m’énerve » « tu me désespère » mais bien de resituer notre ressenti en nous même pour l’exprimer de manière pro-sociale et constructive :

    « Je ressens de l’agacement »

    « je ressens de la fatigue, de la lassitude… »

    Nous nous construisons en miroir. Toujours, à tous âge. Si nous les adultes prenons plus en compte l’expression de nos messages émotionnels, en miroir, les élèves en face imiteront peu à peu cette pratique fondamentale pour améliorer de manière générale leurs compétences émotionnelles et sociales.

    Idées à tester

    Une couleur de gommette par émotion, à coller sur le masque ! Ou sur le bout des doigts ! Une façon d’exprimer ce que l’on ressent, sans le dire … et comme le visage ne peut le montrer …

    – Pour les plus jeunes, nous pouvons utiliser des smiley ou des picto, sur une petite réglette d’humeur par exemple qui permettraient à chacun de situer et d’exprimer son état émotionnel aux autres. Nous pouvons aussi inviter les élèves à coller des gommettes de smiley sur le bout de leurs doigts pour signifier leur état émotionnel.

    – Utiliser le chant ou le bruit pour exprimer ses émotions. Faire le chant de la joie, ou bien faire le bruit de la joie… faire le chant de la peur, ou créer avec tous ce que l’on a sous la main, le bruit de la peur…

    – Avec les plus jeunes, jouer avec la peur, le stress du virus, les émotions qui sont actuellement si présentes chez tous. Et pour quoi pas jouer à cache-cache virus, une façon ludique d’intégrer le virus comme un danger mais … régulé par le jeu !

    – Afficher des photos en classe de la maitresse dans tous ses états …émotionnels

    – Créer avec les élèves un langage des signes pour qu’il puisse exprimer leur émotions avec délicatesse si il n’ose pas à certain moment l’exprimer à tous ou à haute voix. Un code gestuel pour signifier à l’adulte qu’il est mal à l’aise, qu’il est en stress, ou au bord de la crise de nerf… un clin d’œil discret pour exprimer tel état, un petit pouce levé, un tapotement d’épaule… à chacun de créer son langage !

    – Créer un rituel d’écriture pour écrire ses émotions, écrire comment je me sens aujourd’hui. Avoir un cahier « spécial » pour exprimer son état du moment ou du jour. Ou bien créer un temps rituel où chacun écrit comment il se sent sur un petit bout de papier que l’on peut lire ensuite ou donner à quelqu’un ou jeter à la poubelle si on préfère.

    – Utiliser des appli simple pour initier les élèves à des techniques de respiration, de cohérence cardiaque ou de méditation de pleine conscience. La respiration apaise immédiatement l’état émotionnel.

    – Avoir un lieu dédié à la décharge émotionnelle en classe. Un endroit refuge où tout est permis pour se décharger et retrouver du calme à l’intérieur de Soi. Un endroit soupape…

    – Pour les enseignants et toute l’équipe d’un établissement, créer des temps d’échange, des cercles de paroles et d’empathie entre adultes… le travail d’équipe est indispensable pour limiter le stress chez chacun. L’empathie et la bienveillance commencent par soi-même. Il faut d’abord que chaque enseignant se sente mieux et en sécurité pour accompagner un mieux être chez les élèves

    « Toiletter » notre langage corporel

    Si tout une part des canaux de communication est masquée aujourd’hui il est indispensable de démasquer à l’inverse tous les autres canaux restant !

    Avec une moitié de visage masquée c’est tout un pan de mimique, d’expression faciale qui sont rendu invisible.

    Pourtant dans l’infra-langage nous nous calons constamment sur ces expressions pour comprendre l’autre. Alors misons sur ce qui nous reste encore d’accessible pour optimiser la bonne transmission de nos messages.

    – La voix, l’intonation, la prosodie de nos paroles. Mettons plus de douceur dans notre voix quand nous cherchons à rassurer. Saupoudrons davantage d’intonation haute et gaie lorsque nous félicitons ou que nous valorisons. Gardons une bonne fermeté dans notre voix si nous devons recadrer un comportement. Fermeté n’étant pas synonyme d’agressivité…

    – la posture du corps, les gestes, la motricité… le langage du corps doit lui aussi être bien toiletter en temps masqué. Notre assise ouverte ou fermé, nos bras croisé ou posé sur le bureau, en posture d’accueil ou de fermeture… Prenons conscience de notre posture et de l’impact qu’elle a sur le message que nous délivrons. Autres exemples important : Se baisser à la hauteur d’un enfant avant de lui parler, faire pétiller nos mains comme les méditerranéens pour soutenir nos mots…

    Idées à tester

    – Utiliser les techniques des acteurs de théâtre ou du clown. Le clown exagère tout, tout le temps. Au théâtre, le comédien exalte tout son être. Pourquoi ? Pour s’ouvrir pleinement à l’autre. Lui permettre de lire avec facilité toute la finesse de ses états et de ses émotions. Nous pouvons jouer, comme au théâtre à exagérer. La caricature est un reflet exagéré de la réalité. Exagérons un peu pour apprendre à être pleinement authentique et lisible pour l’autre.  Mimons une émotions, mettons nous en scène…

    – Favoriser des jeux avec les enfants comme « devine si je souris sous mon masque » ou « devine si je tire la langue sous mon masque »… aider l’enfant à s’entrainer à capter et décoder les messages non verbaux et émotionnels dans le corps.

    « Le regard est la fenêtre de l’âme… »

    Sur un visage masqué, il ne reste plus que le regard pour trouver l’autre…

    Le regard n’a jamais été si important et intense dans nos relations.

    Il est hyper difficile de décoder tout l’état émotionnel et mental de l’autre juste par son regard pourtant il est un appui psychologique considérable.

    Le regard est d’abord un signe très clair de pleine présence et de totale disponibilité que l’on adresse à l’autre.

    Je te regarde. Pleinement. Je suis là uniquement pour toi à cette instant.

    Posons un regard plein d’attention et de présence dès que nous le pouvons pour sécuriser l’autre. Appuyons notre regard, ouvrons ce regard le plus possible, c’est une porte que nous ouvrons directement pour optimiser la communication.

    Idée à tester

    – Stop-regard-go : Comme pour internet, il faut se connecter avant de pouvoir chater ou envoyer un mail ! Avant toute question, ou toute prise de parole. Je m’arrête, stop. Je prends le temps de regarder chacun de mes interlocuteurs, de les regarder vraiment pour me connecter à chacun d’eux. Puis go je peux transmettre mon message à l’oral.

    – Décoder les regards : avec des images ou grâce au site internet http://www.psychomedia.qc.ca/autisme/test-lecture-de-l-etat-d-esprit-dans-les-yeux, on peut prendre un temps pour s’entrainer à décoder dans le regard l’état émotionnel des autres

    – Jouer avec le regard : un jeu simple mais très intense… se mettre en cercle puis 2 à 2, faire passer un message à l’autre uniquement par le regard. Dire un compliment, exprimer un message « gentil » à l’autre uniquement par le regard…

    – Pour avoir accès plus régulièrement à la totalité du visage de chacun et ne pas se limiter aux regards, on peut construire et afficher en classe un trombinoscope avec les visages « libérés » On peut créer ce que l’on veut, faire une pose, se mettre en scène… Tout est libre d’inspiration !

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