Par Béatrice Copper-Royer, psychologue
Bien sûr la contrainte est grande, elle change les donnes. Pour les enseignants et pour leurs élèves. Mais puisque nécessité fait loi, essayons de saisir cette étrange occasion pour développer chez les enfants et les adolescents talents et créativité.
Le jeu, chez les plus jeunes, est une formidable occasion de mettre en scène et de se réapproprier des événements subis et d’exprimer les émotions qu’ils ont éveillées chez eux.
Car si les enfants s’adaptent aux situations, cela ne signifie pas pour autant qu’elles les laissent indifférents. Mais ils ont du mal à décoder leurs émotions qui en découlent et a en parler directement. C’est donc justement à travers le jeu qu’elles vont se dire. Une enfant de 4 ans me disait cette semaine qu’elle jouait avec son copain à cache cache microbes, me montrant par là qu’elle avait parfaitement saisi le côté inquiétant, car tapi on ne sait où, du Covid, qui est peut être caché là où on ne l’attend pas. Une autre jouait a devine si je souris, elle qui n’était pas masquée, mais était entourée d’adultes qui l’étaient. Une bonne façon de leur montrer la difficulté de reconnaître qui est content ou ne l’est pas.
Les maîtresses de maternelles et de début de primaire pourraient ainsi laisser dans la journée une place au jeu, jeux de rôles symboliques, ce qui leur permettrait de mieux comprendre les émotions et les préoccupations des petits.
Au collège le jeu pourrait avoir la même fonction, mais être utilisé sous une forme plus théâtrale. Les adolescents pourraient imaginer des scénarios qu’ils mettraient en scènes et que certains joueraient. Ainsi tous les talents s’exprimeraient : le comique de celui-ci, le talent d’écriture de celui-là, l’éloquence de ce timide, qui planqué derrière son masque se révèle soudain vif et audacieux.
Parions qu’en retour les professeurs auraient de divines surprises qui leur apporteraient réconfort et enthousiasme pour cette drôle d’année.