Oui il est possible d’améliorer le cerveau de nos enfants et ados….pour qu’ils aillent mieux !

  Par Catherine GUEGUEN, Pédiatre

Oui il est possible d’améliorer le cerveau de nos enfants et ados….pour qu’ils aillent mieux !

Nous savons actuellement que les relations que nous entretenons avec nos enfants et ados ont un impact majeur sur leur cerveau.

L’empathie favorise le développement de leur cerveau, a contrario les humiliations verbales et physiques freinent son développement.  

L’empathie, constitue le facteur essentiel pour le développement du cerveau de l’enfant et de l’adolescent

En ce temps de covid, nos enfants et nos ados sont confrontés à de multiples émotions. C’est l’occasion ou jamais de les écouter, cela leur fera le plus grand bien. En effet, les émotions sont au cœur de l’empathie : être empathique c’est être à l’écoute et comprendre ses propres émotions et celles des autres. 

Rianne Kok, en 2015, étudie 191 enfants de 6 semaines à 8 ans et montre que lorsque les deux parents sont empathiques, il y a, à 8 ans, une augmentation de toute la substance grise du cerveau qui correspond au corps cellulaire des neurones et aux synapses, et un épaississement du cortex préfrontal, structure cérébrale impliquée dans toutes les fonctions supérieures de l’être humain : réflexion, raisonnement, imagination, créativité, planification, résolution de problèmes, empathie, conscience de soi.Ces résultats montrent de façon magistrale pour la première fois au monde que la qualité de la relation, l’empathie, constitue le facteur essentiel pour le développement du cerveau,

En 2016, une étude réalisée par Joan Luby, sur 123 enfants, de l’âge de 3 ans jusqu’au début de l’adolescence, révèle le lien entre une attitude soutenante dans la petite enfance et l’augmentation du volume de l’hippocampe (structure cérébrale dévolue à la mémoire et à l’apprentissage). Cet impact est d’autant plus important qu’il se déroule à l’âge préscolaire.

En 2014, Sarah Whittle de l’université de Melbourne en Australie étudie le cerveau de 188 adolescents. Elle rapporte que le comportement positif de la mère lors de conflits avec son adolescent est associé à un meilleur développement du cerveau de l’adolescent.

Quand l’adulte est empathique, soutient l’enfant, le comprend, lui donne confiance et l’aide en lui disant, par exemple, « Je vois que tu n’as pas compris, que tu as des difficultés. As-tu besoin d’aide ? Je te fais confiance, tu vas y arriver ! » ? Il fait sécréter de l’ocytocine qui elle-même entraîne la sécrétion de dopamine, molécule de la motivation, du plaisir de vivre et de la créativité. 

Ainsi, encourager l’enfant dans ses efforts, l’aider à se connaître pour qu’il sache évaluer lui-même ses capacités et ses faiblesses et identifier ce qui l’intéresse est une attitude qui permet le développement affectif, social et intellectuel. 

Les violences éducatives ordinaires (VEO), violences faites à l’enfant dans le but de l’éduquer peuvent avoir des conséquences redoutables pour le cerveau de l’enfant quand elles sont fréquentes, répétées.

Ces violences sont des maltraitances émotionnelles et/ou des humiliations physiques

La maltraitance émotionnelle est provoquée par des comportements ou des paroles qui rabaissent l’enfant, le ridiculisent, le critiquent, le punissent, lui procurent un sentiment d’humiliation, de honte, lui font peur, le terrorisent ou l’excluent.

Une étude remarquable, récente réalisée par une jeune chercheuse hollandaise Anne-Laure van Harmelen montre que la maltraitance émotionnelle sévère chez l’enfant affecte le fonctionnement du cortex orbito-frontal (COF) et augmente le risque de développer de nombreuses pathologies comportementales et psychiatriques : agressivité, anxiété, dépression, troubles dissociatifs (dépersonnalisation, troubles de l’identité), délinquance, addictions à l’alcool, aux drogues.

Cette région (COF) est capitale puisqu’elle joue un rôle primordial dans nos capacités d’affection et d’empathie, dans notre capacité à faire des choix, dans notre sens moral. Elle participe aussi à la régulation de nos émotions ce qui explique les difficultés rencontrées par ces enfants dans leur vie relationnelle.

Une autre étude très intéressante de Jeewook Choi montre que les paroles blessantes, humiliantes, méprisantes empêchent l’enfant de comprendre ce qu’on lui dit ! Car ces paroles blessantes altèrent le fonctionnement de circuits neuronaux et de zones participant à la compréhension du langage. 

D’autres structures cérébrales sont également très sensibles au stress comme par exemple le cortex préfrontal, l’hippocampe et d’autres structures cérébrales.

Bruce Mac Ewen, spécialiste de l’effet du stress sur le cerveau montre dans ses recherches qu’un stress très important ou répété altère les neurones du cerveau de l’enfant et peut même provoquer leur destruction dans des structures importantes du cerveau comme le cortex préfrontal, l’hippocampe. Le cortex préfrontal est essentiel puisqu’il est le centre exécutif du cerveau, le centre de décision, de réflexion et de planification. 

Il montre également que le cortisol en trop grande quantité altère la croissance des neurones en interférant négativement sur l’expression du BDNF (Brain Derived Neurotrophic Factor), facteur de croissance des neurones.

Martin Teicher, lui, nous dit que les enfants humiliés physiquement et/ou verbalement ont un hippocampe diminué de volume. Cette structure cérébrale, comme nous l’avons déjà vu nous permet d’apprendre et de mémoriser ce qui donne évidemment des résultats désastreux sur la mémoire et l’apprentissage.

Ne nous culpabilisons pas …..

Ne nous culpabilisons pas d’avoir eu tel ou tel comportement avec l’enfant car nous ne savions pas ! Ces recherches sont très récentes. 

Cultiver l’empathie entre adultes, entre collègues, se parler de ses propres émotions, demander de l’aide quand on en peut plus, analyser en équipe les difficultés me paraissent vraiment indispensable pour pouvoir ensuite être empathique avec les enfants.

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